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Il est peu probable que Gaël Rivière ait reconnu la voix de ses anciens copains de lycée ou de fac parmi le public chauffé à blanc venu soutenir l’équipe de France de cécifoot. Qu’importe, celui qui a troqué son costume-cravate pour un short et un maillot sait qu’ils sont dans les gradins. Depuis ces dernières semaines, il a reçu plein de messages le prévenant qu’ils viendraient le voir jouer. Lui qui participe à ses troisièmes Jeux paralympiques, après Londres et Tokyo.
Après leur victoire initiale contre la Chine (1-0) puis une défaite face au Brésil (3-0), mardi, les Bleus disputaient, mercredi 3 septembre, leur dernier match préliminaire contre la Turquie (2-0), gagnant leur place pour les demi-finales pour la première fois depuis les Jeux de 2012, dans la capitale britannique.
Gaël Rivière est né non-voyant, sur l’île de la Réunion, il y a trente-quatre ans. A six mois, le verdict tombe : il ne pourra pas bénéficier de greffe de cornée. Qu’à cela ne tienne, le petit garçon sera éduqué comme sa sœur et ses deux frères, deux cousins que ses parents ont adoptés. « J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont laissé m’épanouir et ne m’ont pas surprotégé. J’avais une vie tout à fait classique d’un petit garçon de mon âge. » En 1998, l’année de la Coupe du monde de football en France, il a 8 ans et écoute les matchs avec ferveur. Comme beaucoup d’enfants de sa génération, il se passionne aussi pour la série télévisée d’animation japonaise Olive et Tom, qu’il suit avec délectation.
Il est alors loin d’imaginer que le cécifoot existe. Créée dans les années 1960, la discipline apparaît en France au milieu des années 1980, mais elle ne fera son entrée aux Jeux paralympiques qu’en 2004 à Athènes. Qu’importe, le petit garçon adore le foot et veut y jouer comme ses copains. Astucieux, il enveloppe le ballon dans un sac plastique pour entendre le son. « Le foot est devenu progressivement une passion. Je n’ai pas le souvenir d’avoir passé plus d’une journée sans taper dans un ballon entre 9 et 15 ans », retrace-t-il.
A 15 ans justement, Gaël Rivière a des envies d’autonomisation et souhaite quitter son village de Sainte-Anne (La Réunion). Avec l’accord de ses parents, direction Paris. Le voilà élève au Lycée Buffon et interne à l’Institution nationale des jeunes aveugles, où il découvre le cécifoot. Ses premiers ballons, il les tape avec Hakim Arezki et Martin Baron, tous deux également en bleu.
A l’âge de 16 ans, ses dispositions lui ouvrent les portes de l’équipe de France de cécifoot. « Au début, j’ai juste pris mon intégration dans l’équipe comme une occasion de faire encore plus de football. L’envie de gagner, de faire du sport à haut niveau est venue un ou deux ans après, paradoxalement quand sont arrivées les premières désillusions », se souvient-il. En 2007, l’équipe échoue de justesse à se qualifier pour les Jeux paralympiques de Pékin. « Ce type d’échec forge un groupe et l’envie de ne pas vivre ce genre de déception à nouveau », analyse-t-il.
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